poésie 5
LA FLAMENNE
Coule, coule Flamènne,
Emporte les souvenirs
D’une ville qui s’endort
Coule, coule et emmène
Avec toi les soupirs
Ainsi que les remords
De ceux dont les espoirs
Sont partis avec toi
En les laissant sans voix.
Coule, vas encensoir
Le clocher est mon toit,
Il me reste la croix.
Coule, coule éphémère
Car nous avons perdu
Nos âmes comme notre dû
Accordés par nos pères.
On pourrait sur ton long
Arranger ton parcours
Mieux faire qu’entretenir
Pour qu’enfin ton renom
Soit bien mieux qu’un discours
Sans passion d’avenir.
Mais qu’attend donc le roi
A ne vouloir jamais
Que sorte de tes bords
Autre que le patois
Balbutié et mauvais
Et déjà un peu mort.
Où donc est ton passé
Que dire du devenir
Où donc est le sourire
Des enfants écartés.
Ils aimeraient sûrement
A passer dans tes flots
Une petite main
Pour sentir ton courant
Avec les soubresauts
Et tes vagues de nains.
Où sont passé les cris
Des bambins insouciants
Heureux sous le soleil
Jouant à Jean qui rit,
Surveillant les parents
Attentifs et en veilles
Flamènne, tu vaux bien mieux
Que ce ru sans saveur
Transportant tes odeurs
Ignoré par nos vieux.
Ils ont pourtant souvent
Flâné sur tes côtés
Bien avant les verrues
Tristes embouts navrants
Dont on t’a affublé
Quand le temps est venu
Ecologiquement,
Ton image est ternie,
Fadasse et sans beauté
Et visuellement,
T’es loin du paradis
Dont Dieu t’avait doté.
Flamenne, tes plages
Encore en absence,
Tes flots d’impuissances
Sont devenus sages
Telle la prairie de jean
Te verra renaître
De tes multiples bras
Entourée de ces gens
Qui viendrons paraître,
Repus et encore gras
Des largesses déguisées
De sommaires entretiens
Pour des regards sournois
Sous des yeux abaissés
Dont seul le maintient
De la tête tient droit.
Nous sommes suspendus
Aux rimes de ta vie
Nos cœurs sont en cris
Car ton heure est venue.